Grande première dans la gestion d’urgence ! Ce 19 octobre 2015, la ville de Arue à Tahiti devient la première ville française à mettre en place un réseau citoyen où chacun est un relais de l’information.
Le principe est simple : chacun de nos smartphones avec leurs Bluetooth et Wi-Fi peuvent servir de relais en captant une information à portée et en la retransmettant plus loin. Ainsi, de proche en proche, de smartphone en smartphone, une information peut rebondir et faire plusieurs kilomètres…
L’ensemble de la démarche est soutenue par le ministère de la politique numérique et Smart Tahiti Networks. Pour la partie technologique, Arue s’est associée avec FireChat, une application qui monte en flèche et créée par deux français installés à San Francisco. Cette application téléchargeable sur tous les smartphones Android et iOS offre la possibilité de communiquer avec les utilisateurs situés autour de 70 mètres.
Si ce partenariat fait l’objet d’un court article sur le site de VISOV, c’est que cette application peut avoir un intérêt majeur dans le cadre de l’urgence.
En effet, pour pouvoir communiquer de proche en proche, aucun réseau n’est nécessaire. Le réseau de smartphone en smartphone fonctionne sans les réseaux internet ou téléphonie habituels. Ainsi, lors d’un événement majeur, comme un cyclone par exemple (un des risques majeurs en Polynésie), il serait possible de rétablir une communication dans les îles même sans le fonctionnement des relais télécom. Le citoyen est alors placé au coeur d’un réseau où il est à la fois un point d’entrée de l’information mais aussi un relais.
Mais alors, pourquoi cette application ne se développe t-elle pas partout ? Tout d’abord parce que la portée de l’application est limitée, environ 70 mètres. Pour que le maillage du réseau se mette en place, il faut que des smartphones soient assez proches pour relayer l’information et communiquer l’un à l’autre. Ensuite, cette solution ne peut être qu’une des possibilités parmi un ensemble des moyens de communication d’urgence. Il ne semble pas concevable de miser sur une entreprise privée pour gérer toutes les communications entre les habitants d’une île. Enfin, ce nouvel acteur entre dans un contexte particulier pour les opérateurs téléphoniques en Polynésie et se positionne comme le trublion qui vient agiter un peu les marchés Vini et Vodafone.
Il est important de saluer l’initiative de la mairie d’Arue et Open Garden, la société propriétaire de FireChat. Cette démarche vise à mettre le citoyen au coeur de la communication lors des événements majeurs et donc augmenter ses capacités de résilience. C’est un système qui pourra être efficace en cas de perturbation des réseaux de communication habituels et qui permettra si chacun joue le jeu de diffuser des messages intra-insulaires. C’est aussi une solution totalement dépendante d’une société privée, et qui ne règle pas la problématique de la communication entre les îles espacées de plusieurs kilomètres. La démarche est donc intéressante et à envisager dans un cadre plus global de la communication en cas d’événement majeur.
Pour rejoindre le réseau citoyen tahitien, et une fois l’application FireChat téléchargée, il suffit de cliquer sur ce lien depuis son smartphone : http://firech.at/SmartTahiti.
Alors FireChat, comment ça marche ?
En savoir plus avec le communiqué de presse :
La ville d’Arue, le ministère de la politique numérique, Smart Tahiti Networks et FireChat s’associent pour créer le premier réseau “maillé”
à grande échelle !
A Tahiti, FireChat établira un réseau de communication gratuit, résilient et indépendant des réseaux traditionnels.
Open Garden (FireChat) a annoncé aujourd’hui un partenariat avec la ville d’Arue, le ministère de la politique numérique et Smart Tahiti Networks (STN) avec pour objectif de déployer un réseau ‘en maille’ à l’échelle du pays. Ce réseau fonctionnera sans recours aux réseaux téléphoniques et aux connexions Internet. Open Garden est le créateur de FireChat, la première application mobile qui fonctionne sans réseau mobile ou Internet.
Les habitants de Polynésie française peuvent désormais communiquer entre eux gratuitement, en utilisant simplement leurs téléphones et sans avoir besoin d’un forfait ou d’une connexion à Internet. Ils peuvent échanger des messages privés chiffrés ainsi que des messages publics, visibles par l’ensemble des utilisateurs en temps réel. FireChat utilise les technologies Bluetooth et Wi-Fi Direct pour connecter les téléphones directement les uns aux autres, créant ainsi un ‘réseau citoyen’ accessible à tous.
Philip Schyle, Maire d’Arue, a dit: “Je me réjouis que Arue soit l’une des premières villes dans le monde à déployer son propre réseau citoyen qui permettra à tous de communiquer gratuitement au quotidien. Il est par ailleurs possible que Tahiti soit touchée par un cyclone cette année. Nous disposerons alors d’un réseau de communication d’urgence, plus résilient que les réseaux classiques qui pourraient eux être endommagés ou congestionnés.”
Thierry Lehartel, Directeur Général de Smart Tahiti Networks, souligne: “Notre objectif est de rendre les réseaux de communication en Polynésie Française plus robustes et moins chers d’accès. Nous pensons que FireChat peut nous aider dans cette mission.”
Teva Rohfritsch, Ministre de la politique numérique, a déclaré: “nous soutenons pleinement cette initiative et encourageons toutes les forces vives du numérique polynésien à nouer ce genre de partenariat, c’est une richesse pour notre Pays.” Nous attendons avec grand intérêt de voir comment les polynésiens vont s’approprier cette technologie. La capacité de relayer des messages d’alerte à travers les îles et en temps réel est une des options qui intéresse le plus la puissance publique en cette période cyclonique mais cette application saura, j’en suis convaincu, révéler bien d’autres atouts.”
De plus, le projet a été présenté au Haut-commissariat de la Polynésie Française en présence de la Directrice de Cabinet, de la Direction de la Défense et de la Protection Civile. Ils ont prêté une attention certaine à cette démarche potentiellement utile en case de crise.
“Nous sommes ravis d’être associés au projet Smart Tahiti lancé par STN ainsi qu’avec la ville d’Arue”, déclare Christophe Daligault, Directeur Marketing d’Open Garden. “Notre technologie amenuise la dépendance envers les infrastructures de communication centralisées. Elle permet aux citoyens de créer leurs propres réseaux, qui fonctionnent également en cas de catastrophe naturelle.”
Salut et iaorana. Excellente initiative de la très dynamique commune d’Arue, mais malheureusement ce qui était valable à Hong Kong lors des manifestations pro-démocratie et à Paris le jour de l’énorme manif’ “Charlie” en début d’année risque de faire un flop où la densité de population n’est pas du tout la même et où la limite de 70 mètres est un réel obstacle, notamment dans les îles éloignées et les atolls de Polynésie…
Merci de votre commentaire Lolo de Tahiti ! Nous le faisons remonter à FireChat 🙂 A bientôt pour avoir d’autres retours sur l’expérimentation !
Bon article, je partage !